

Genre : Historique 🇨🇦
566 pages
« Lorsque Carrie McClelland, auteur à succès, visite les ruines du château de Slains, elle est enchantée par ce paysage écossais, à la fois désolé et magnifique. La région lui semble étrangement familière, mais elle met de côté son léger sentiment de malaise afin de commencer son nouveau roman, pour lequel elle utilise le château comme cadre et l’une de ses ancêtres, Sophia, comme héroïne. Puis Carrie se rend compte que ses mots acquièrent une vie propre et que les lignes entre fiction et faits historiques se brouillent de plus en plus. Tandis que les souvenirs de Sophia attirent Carrie encore plus au cœur de l’intrigue de 1708, elle découvre une histoire d’amour fascinante, oubliée avec le temps. Après trois cents ans, le secret de Sophia doit être révélé. »

Comme beaucoup, il me faut avouer apprécier grandement les romans alternant point de vue historique/point de vue contemporain. Cependant, jamais je n’en avais lu poussant le concept aussi « loin » que La mer en hiver. En effet, ici, l’autrice Susanna Kearsley choisit de lier intrinsèquement les deux protagonistes principales par un biais scientifique décrié : la mémoire génétique.
De nos jours, Carrie est une jeune autrice à succès de romans historiques bestsellers. À la recherche d’une nouvelle inspiration, elle décide – après un séjour infructueux en France – de s’établir au sein d’un petit village écossais, non loin de celui où habite son éditrice Jane. Elle a alors l’idée de confier le rôle de personnage principal de son nouveau roman à Sophia, une aïeule ayant vécu à proximité, et se met à écrire tout en apprenant à connaître les habitants du lieu pittoresque où elle réside. Cependant, une impression de déjà-vu étrange la saisit de plus en plus souvent.
Sophia, son héroïne, est une jeune femme orpheline du XVIIIème siècle que la vie n’a pas épargné. Le sort fait néanmoins que la chance lui sourit à nouveau lorsqu’une parente éloignée, la richissime comtesse d’Erroll, propose de l’accueillir chez elle. Sophia s’installe alors dans le nord de l’Écosse et va vivre les bouleversements que le pays connaît en ce début des années 1700 dans la quête pour l’indépendance.
À mesure que Carrie écrit, elle se rend compte – grâce à son père généalogiste amateur – que ce qu’elle pense d’abord être son imagination lui fait coucher sur le papier des faits bel et bien réels.

« Je dus relire ce passage plusieurs fois avant de réussir à croire que les mots, les faits inscrits devant mes yeux, étaient bien là – que tout ce que j’avais écrit dans mon propre roman s’était véritablement produit dans les moindres détails et ne relevait pas de la fiction.
Toutefois, la ligne séparant la fiction de la réalité était devenue si floue que je n’avais aucune idée de l’endroit où l’une et l’autre commençaient. Et je ne savais pas très bien comment gérer cela. »

La mer en hiver s’est démontré être un roman passionnant de bout en bout. Il s’agit certes classiquement de deux destins de femmes et de romances, mais Susanna Kearsley a également à cœur de nous proposer un fond historique dense et passionnant. En effet, cette période – début des années 1700 – est en Écosse celle du combat pour l’indépendance du pays, alors même qu’il se retrouve attaché de force à l’Union – et donc davantage à la Couronne d’Angleterre, perdant ainsi une autonomie précieuse. Il s’agit d’une période dont je pensais connaître les grandes lignes, mais que j’ai pourtant eu plaisir à découvrir sous un nouvel angle – davantage dans les tractations politiques et moins dans l’action directe. Ainsi, l’autrice fait du personnage de Sophia un témoin privilégié d’une histoire compliquée et douloureuse, et nous suivons ici avec bonheur ce personnage fort et plein d’une abnégation à toute épreuve.
Et là où le roman est original, c’est qu’il nous lie encore davantage au personnage de Sophia grâce à celui de Carrie, notre héroïne contemporaine. Carrie est comme je le disais au-dessus autrice de romans historiques, et bien vite, elle va ressentir un attachement débordant et particulier à son futur personnage principal : Sophia. Suivre son processus de création, de recherches et la passion qu’elle met dans ses écrits et follement intéressant, tout comme observer les incidences que peut avoir sa vie réelle dans la fiction. Ainsi, un homme qui lui plaît prêtera-t-il ses traits à l’intérêt amoureux de son héroïne ; ou encore, les ruines d’un château qu’elle se plaît à imaginer pleine de vie. Bref, on oscille sans cesse entre fiction, imagination et réalité, dans un roman qui brouille romanesquement toutes les frontières.
Susanna Kearsley fait du concept de mémoire génétique non pas une véracité, mais un simple élément de fait à l’instant T où se déroule ce livre. Ainsi, peu importe que l’on soit plus ou moins « mystique » ou à même de croire en cette idée. Ce n’est ici pas le propos, et cela permet d’embarquer chaque lecteur indépendamment de son opinion.
Vous l’aurez compris, La mer en hiver est à mon sens un excellent roman historique doublé d’une jolie réflexion sur l’écriture, à découvrir que l’on soit ou non amateur du genre.


En conclusion … Belle découverte !
↪ Avis positif chez Mes petits bonheurs.
Votre commentaire