Genre : Contemporain 🇫🇷
206 pages
[Lu en décembre 2022]
« Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathis sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée, s’inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ? Quant à Cécile, la mère de Mathis, elle voit son équilibre familial vaciller, au moment où elle aurait besoin de soutien pour protéger son fils. Les loyautés sont autant de liens invisibles qui relient et enchaînent ces quatre personnages. »
De Delphine de Vigan – et avant l’ouverture de ce blog – me sont passés entre les mains deux titres, générateurs de sentiments disparates. Si No et moi avait été l’occasion de découvrir une plume sensible et capable de se mettre à hauteur d’enfants, D’après une histoire vraie m’avait en revanche laissée perplexe dans sa démarche. De ce fait, j’entamais Les loyautés avec une certaine méfiance, d’autant qu’il ne semblait pas être le titre favori des lectrices et des lecteurs. Et dès les premiers mots, une certitude comme cela arrive parfois : ce roman allait me plaire.
Nous y découvrons plusieurs histoires en parallèle, auprès de différents narrateurs employant le « je » lorsqu’ils sont adultes et la troisième personne lorsqu’ils sont enfants – un réel avantage. Tout s’articule particulièrement autour de deux garçons adolescents, Théo et Matthis. Le premier est sans cesse tiraillé entre son père et sa mère depuis un divorce douloureux, le second vit auprès de parents a priori aimants mais « subit » la mauvaise influence du premier, qui l’entraîne sur la dangereuse piste de l’alcoolisme. Tout cela sous les yeux d’une professeure, Mme Destrée, ancienne enfant battue qui se persuade que Théo est maltraité et qu’elle doit l’aider.
« Quand il était plus petit, jusqu’à son année de CM2, c’est elle qui préparait le sac quand il partait chez son père. Elle choisissait les vêtements les moins beaux, les plus usés, au motif qu’ils tardaient à revenir et parfois ne revenaient pas. Le vendredi soir, elle l’accompagnait là-bas en métro, le lâchait au pied de la tour. Au début, quand Théo était encore trop jeune pour prendre l’ascenseur tout seul, son père descendait et le guettait de l’autre côté des portes vitrées. Ses parents ne se croisaient pas, ne se regardaient pas, ils restaient l’un et l’autre de chaque côté la frontière de verre. Tel un otage échangé contre une marchandise inconnue, Théo s’avançait dans le hall de l’immeuble et traversait la zone neutre, osant à peine appuyer sur l’interrupteur. »
Les loyautés, c’est donc un roman aux thématiques graves et importantes, de celles qui nous entourent que nous le sachions ou non chaque jour. Sous la plume émotive et sobre de Delphine de Vigan, nous suivons les trajectoires de chacun avec une certaine avidité, sans cesse inquiet de savoir où les actes de chacun vont nous mener. Le roman est bref et cela ne fait que lui conférer une tension bienvenue, jusqu’à une fin qui peut sembler ouverte et que chacun interprètera à sa guise.
Ce que j’ai aimé, et qui a pu déplaire à d’autres, c’est que l’autrice ne prétend pas écrire un grand roman « social », mais plutôt à énumérer ces petites violences du quotidien auxquels nous ne sommes pas des plus attentifs. C’est davantage une sorte d’alerte qu’un pensum et cette modestie ne m’a touchée que d’avantage !
En conclusion… Un roman à la fois tendre & violent dans son propos, qui parvient à mettre le doigt là où ça fait mal.
↪ L’avis positif de Light and Smell – bien qu’elle soit décontenancée par la fin ouverte – et celui négatif de Mademoiselle Bouquine – qui voit dans cette tentative de roman « social » un échec.
Les Mots de Mahault 
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