

Genre : Fantasy, YA 🇺🇸
635 pages
« Après le décès de sa mère dans un accident de la route, Bree Matthews, 16 ans, ne désire qu’une chose : quitter la maison familiale et tous ses souvenirs d’enfance. Intégrer le programme anticipé de la prestigieuse université de la Caroline du Nord, à Chapel Hill, semble être une échappatoire idéal- jusqu’au jour où elle est témoin d’une agression magique, repoussée par deux étudiants plus âgés. Dès lors, tout ce que Bree croyait savoir sur le monde s’écroule : non seulement la magie existe, mais une société secrète millénaire lutte sans relâche pour préserver l’humanité des hordes maléfiques qui menacent de l’éradiquer. Une société qui pourrait avoir joué un rôle dans la mort de sa mère. Pour connaître la vérité, Bree n’a d’autre choix que de l’infiltrer, à ses risques et périls… «

Il m’en aura fallu du temps pour terminer ce titre ! Il faut dire que j’ai lu Legend born, objet de cette chronique, au compte-goutte dans les transports uniquement… et qu’une fois sur trois, le car qui me ramène chez moi n’avait pas de lumière à disposition…
Heureusement, les courts chapitres qui composent cette fantasy JA permettent parfaitement la lecture éparse. Et c’est accompagné du pluvieux (en tout cas chez moi) mois de novembre que j’ai talonnée Bree, notre héroïne ainsi que ses comparses au sein du dépaysant campus où ils vivent leurs aventures.
Bree, jeune femme afro-américaine (point essentiel de cette relecture) de seize ans, est une élève si brillante qu’elle a la possibilité de terminer son lycée au sein d’une faculté prestigieuse, dans ce qui semble être une sorte de cours préparatoire aux études supérieures. La voici donc éloigné d’un père récemment veuf, la mère de Bree étant décédée dans un tragique accident de voiture quelques mois auparavant – mais auprès de sa meilleure amie Alice, tout aussi brillante qu’elle. Premier soir au dortoir, et première bêtise : alors qu’elles n’ont pas le droit de sortir, elles font le mur et se rendent à une petite fête en pleine forêt, non loin de là. Les ennuis arrivent rapidement, mais pas exactement comme se l’était imaginée Bree, puisqu’elle assiste ni plus ni moins qu’à un affrontement entre démons et humains. Une sorte de mage présent sur place l’hypnotise et provoque une amnésie, mais un problème crucial se pose : cela ne fonctionne pas sur Bree, qui se souvient de tout. Elle découvre alors que le campus abrite une société secrète composée de descendants de la Table Ronde, chargée de se battre contre des créatures ténébreuses et qu’elle-meme possède la capacité de manipuler des forces magiques.

« Tu n’es pas une demoiselle en détresse pour moi, Bree. Tu es une battante. Tu es forte, et belle, et brillante et courageuse. »

Ainsi, c’est avec une certaine délectation (même si l’article précédemment lu chez Maven Litterae m’avait mis sur la piste) que j’ai mis le pied dans cette fort réussie relecture moderne de la légende Arthurienne. Tout n’était certes pas parfait : le premier gros point noir est à mon sens la temporalité de l’aventure, qui se déroule sur deux petites semaines en tout et pour tout. À quel moment cela est-il crédible ? Il m’est difficile de comprendre les autrices et auteurs (nombreux !) qui choisissent d’établir leur récit sur un si bref laps de temps. Le second ne tient pas tant à l’autrice qu’au fait que la version J’ai lu est bourrée de fautes grossières. Ces faits mis de côté, j’ai été happée par ce roman qui s’approprie parfaitement vieilles légendes européennes, modernité et inclusion avec une once de malice. Je ne me vis pas comme une énorme fan de la légende arthurienne, cependant je dois avouer apprécier tout ce qui y a trait, un peu comme un « trope » que je retrouverai avec plaisir – surtout lorsqu’il se renouvelle comme ici.
L’héroïne, Bree, est touchante. Ayant connu à l’adolescence le deuil d’un parent, je me suis aisément reconnue en elle et en les différentes barrières qu’elle s’est créée afin de se protéger au quotidien, entre maturité forcée et nostalgie d’une enfance perdue. L’intrusion des éléments magiques, d’abord violente, apparaît alors comme une sorte de chemin de deuil l’amenant doucement vers l’acceptation. Cela va en effet lui donner l’opportunité d’explorer ses racines familiales et de plonger au cœur de problématiques (racisme, esclavage) dont les plaies sont toujours à vif aux États-Unis. Les autres personnages sont introduits efficacement, avec chacun un peu de temps pour que l’on s’en fasse une idée. Forcément, j’ai adoré l’opposition « good guy/bad guy » (vue et revue) que l’on retrouve ici entre Nick et Selwyn, les deux personnages masculins qui vont épauler Bree dans ce nouveau monde, chacun à leur manière. Je dois être une des rares blogueuses qui ne se lassent pas de potentiels triangles amoureux !
Il me faut en revanche admettre que le style de l’autrice ne m’a pas réellement emballé. Si elle se montre juste dans la retranscription des émotions, elle semble pataude dans les combats et plus globalement dans les phases d’action qui traînent souvent en longueur. Toutefois, sa plume est fluide, simple et agréable et elle a le bon goût de ne pas user et abuser des dialogues, donc j’y ai tout de même trouvé mon compte.
Ce premier tome mérite en conclusion qu’on s’y attarde, puisqu’il entremêle habilement de vieilles coutumes avec des pans dramatiques de notre histoire humaine. Sachez que la fin est particulièrement intense et va me marquer durablement, tant elle fait preuve d’une espièglerie à l’image même de l’idée de réécriture. La nomination de ce titre à différents prix SFFF prestigieux (tel que le Hugo) est méritée rien que pour cela.


En conclusion … Une belle aventure, imparfaite, mais inventive.
↪ Une lecture adorée chez Maven Litterae ; my-bo0ks l’a en revanche peu appréciée.
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