Les deux royaumes (#2 Calame), Paul Beorn

Genre : Fantasy 🇫🇷

504 pages

Note : 4 sur 4.

Vous n’avez pas lu le premier tome ?

Chronique >>PAR ICI<<

« « J’ai encore tant de choses à vous dire. Comment j’ai retrouvé ma mère. Comment nous avons vaincu trois armées. Et comment j’ai vu naître un dieu… »

Au fond de son cachot, la jeune Maura raconte à Jean d’Arterac l’épopée légendaire de Darran Dahl et de son armée de femmes, pendant que les dernières rebelles encore libres donnent l’assaut sur Frankand. Passé et présent se rejoignent. Mais l’issue de cette guerre dépend de la magie de la renommée, le «calame», dont la puissance dévore tous ceux qu’elle touche. Et c’est d’Arterac, l’incorruptible conteur, qui en détient les clefs. »

Pas moins de trois années ont passé depuis ma lecture du premier volume de Calame, un roman de fantasy français qu’il m’avait été agréable de découvrir… Bien qu’il eût souffert sur le moment de la comparaison avec le grandiose premier tome de L’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney. Il serait faux de dire que la découverte de ce second opus se faisait à reculons, mais disons que l’idée était avant tout de me « presser » à me mettre à jour dans mes duologies… Bien m’en a pris, car cette suite est tout bonnement épatante.

Jean d’Arterac poursuit son grand-œuvre en couchant sur le papier la légende des Rebelles et de Darren Dahl l’Indestructible en la prison de Frankand, alors-même que les pressions politiques autour de lui s’accentuent. L’ordre religieux (surpuissant) pour lequel il exerce aimerait qu’il accroisse certains aspects du récit recueilli pour placer sur le trône qui leur chante ; le souverain actuel, le Roi-Lumière apprécierait au contraire qu’il assombrisse le personnage de Darran qui s’oppose à son pouvoir. Le monarque dispose pour cela d’une monnaie d’échange redoutable : la fille du séculaire conteur, qu’il retiendrait prisonnière, questionnant ainsi la loyauté même du vieil homme qui a bel et bien l’avenir proche du Royaume entre les mains.

Maura, quant à elle, continue d’échafauder ses minces plans d’évasion. Sa magie est omnipotente, certes, mais elle lui absorbe beaucoup : la fatigue se fait sentir. Pourtant, elle se doit de continuer ses entretiens avec le Conteur afin de gagner un maximum de temps et découvrir ainsi la solution pour sauver tous ses compagnons.

« Une barre de sûreté. La seconde. Puis le battant que le soldat poussait violemment. Toute cette attente lui était insupportable. Quand il plongea le regard à l’intérieur, chaque détail lui sembla d’une netteté irréelle. Le raclement du bois contre la terre battue, l’odeur écœurante d’une cellule dont on n’avait pas changé le pot. La flamme de la lanterne aux vantaux ouverts, qui s’inclinait légèrement vers l’avant avec le mouvement d’air de la porte…

– Rebonjour, conteur, fit la jeune fille. »

Dans ce second tome, qui fonctionne jusqu’à un certain point comme le premier (soient les entretiens entre Jean d’Arterac et principalement Maura), tout prend une ampleur bien plus lyrique que dans le précédent. Nous entrons en effet enfin dans le vif du sujet, à savoir la « deuxième phase » de la Rébellion, qui va amener Maura, Darren et les autres à coudoyer les anciennes soldates de la Princesse Sanglante, jusqu’à former une armée opérante qui va graduellement devenir redoutable et ainsi mettre le pouvoir à mal… Jusqu’à la déroute qui les a conduits là où ils sont désormais : dans leurs geôles. Nous vivons ainsi tout au long de ce récit de très beaux moments de tension et de suspense (sans oublier la gouaille des personnages !) écrits d’une plume efficace m’ayant véritablement porté dans cet univers qu’il était alors fort difficile de quitter. Paul Beorn n’oublie en plus pas qu’il nous raconte une guerre, avec tout ce qu’elle a d’héroïque, mais également d’horrible : la cruauté, la mort, la saleté, ou encore l’impression de ne pas valoir mieux que son ennemi. Il introduit de nombreux personnages secondaires, davantage étoffés que dans le premier tome ; je pense notamment à La Beste, une vétérane des armées de feu la Princesse sanglante plus vraie que nature ou encore au terrible Bragal, mage vénéneux aux sombres ambitions.

Le point d’orgue, cependant, reste le Calame : nous connaissons dorénavant son secret, puisqu’il s’agit d’une sorcellerie qui se forge sur la popularité/la place que l’on occupe dans les pensées des gens. Quelle idée merveilleuse ! Cela donne au récit une ampleur folle, en faisant ainsi une réflexion amère sur le pouvoir, les croyances et la manipulation des masses. Ce système de magie recèle à vrai dire bien des lectures, faisant de Calame une duologie réussie sur tous les plans.

En conclusion … Un second tome plus que réussi pour cette duologie qui a le potentiel pour plaire à tout amateur de fantasy !

↪ Un avis tout aussi positif chez Porteuse de Lanternes, qui souligne à juste titre la nécessité de bien avoir tous les éléments de récit en mémoire avant de commencer ce second tome.




6 réponses à « Les deux royaumes (#2 Calame), Paul Beorn »

  1. […] quelques lectures ardues (l’anxiogène Alliances ; le complexe second tome de Calame), une pause détente se faisait plus qu’impérative, particulièrement en cette période de […]

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  2. […]  Les deux royaumes (#2 Calame), Paul Beorn […]

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  3. Tu confirmes avec ce bel avis mon intention de tester dès que je pourrais ce diptyque dont j’entends le plus grand bien malgré son côté classique ^-^

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    1. Le classicisme a parfois du bon 🙂
      D’autant que l’auteur a une idée en or entre les mains et sait s’en servir raisonnablement pour donner du caractère et de la profondeur à son écrit.

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      1. Tu en parles terriblement bien !

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