Genre : Post-apocalyptique 🇫🇷
512 pages
« Sur une Terre dont le climat a radicalement changé suite à l’emballement du réchauffement climatique, des oasis et des microclimats locaux ont permis à la vie de s’abriter, voire de se développer.
Mais quelle place pour l’homme dans un tel écosystème, face à l’émergence probable d’une nouvelle espèce dominante sur la planète ? Il pourrait y avoir des alliances inédites à passer.
Tikaani, l’Inuit, parti d’Islande à bord d’un avion solaire, Ophélie, la guérisseuse tapie dans sa jungle au Canada, Denn et Nao, qui ont quitté leur tribu cavernicole du désert qu’est devenue la Californie : tous sont à la recherche de survivants, certains rêvent de redonner sa place à l’humanité. Mais ils vont apprendre que ce qui reste des hommes peut encore nuire à la planète… »
Alliances est le quatrième volume d’une saga climatique entamée par l’auteur français Jean-Marc Ligny, il y a de cela plusieurs années avec le multiprimé Aqua(tm). Chaque tome pouvant se lire séparément des autres, c’est par celui-ci – croisé dans les rayons de ma médiathèque – que cette sombre découverte débute.
Le roman prend place environ trois siècles après notre ère, dans un monde où l’Humain – il faut le dire – s’éteint peu à peu. Quelques rares parcelles de société parviennent tout de même à exister en menant une bataille de tous les jours pour survivre. Tikaani vient de l’une d’entre elles, en Islande. Avec un autre membre, ils sont parvenus à réparer un avion au prix de multiples efforts et décident de partir vers l’ancienne Amérique en quête d’autres survivants. Ophélie, elle, est une guérisseuse prisée de sa communauté de l’ancien Minnesota. Un jour, cependant, alors qu’elle effectue sa tournée de soins, son village est attaqué par une tribu d’Hommes anthropophages. Survivante à l’horreur, elle décide de s’enfouir dans la forêt dans la solitude la plus totale et va parvenir à s’harmoniser peu à peu avec la Nature environnante. Nao, elle, vient d’une tribu cavernicole de l’originelle Californie. Elle a traversé une bonne partie des ancestraux États-Unis accompagnée de ses amis Denn et Marali avec un dessein en tête : mener la colonie de Fourmites qu’elle transporte au Groenland, où il existerait une importante enclave humaine.
« La mort est trop présente pour en faire un drame à long terme ; la vie n’est qu’un sursis, un coup de chance, une suite de victoires quotidiennes. L’avenir n’est rien d’autre que le maintien du statu quo, toujours un pied dans la tombe. »
Ces trois destinées parallèles mises en place, l’histoire nous entraîne à la découverte d’un monde où l’Humain n’est plus – ou si peu. En effet, et cela résonne pleinement avec notre présent, les conditions climatiques ne lui permettent plus de subsister comme auparavant. Les terres sont atteintes par de multiples phénomènes climatiques ultraviolents tels que des ouragans, qui neutralisent habitations et cultures, condamnant ainsi l’Homme à la faim et à la sauvagerie. Ces enclaves survivantes tentent bien de contrer tout cela, mais le constat est indéniable : leur effort n’a aucun sens, car l’ère des Hommes est terminée.
Pour étayer ce fait, Jean-Marc Ligny a eu une idée merveilleuse qu’il m’a été grandement agréable à découvrir tout au long de ma lecture d’Alliances : les fourmites. Hybride d’un termite et d’une fourmi, cet insecte de la taille d’un index a été créé par l’Homme deux siècles jadis pour lui permettre de se nourrir. Cependant, les fourmites se sont bien vite démontrées intelligentes et organisées ; tant d’ailleurs qu’elles se sont répandues partout sur Terre et attendent leur heure… Le personnage de Nao possède d’ailleurs une habileté particulière : celle d’entrer en contact avec elles, en se plongeant dans une sorte de transe. Cela nous permet ainsi d’apprendre à découvrir ces drôles d’insecte, bien que davantage d’explications « scientifiques » auraient été appréciables, le livre versant parfois trop dans le spirituel à mon goût.
Alliances a donc été pour tout cela une lecture enrichissante et diablement intéressante, puisqu’elle nous accule à regarder en face un futur terrifiant et violent (l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère, particulièrement au début dans un chapitre qui soulève le cœur), néanmoins assez différent de ce qu’on a l’habitude de lire en post-apo : il tendrait plutôt vers le réussi Malboire de Camille Leboulanger que vers Le passage de Justin Cronin (un roman peu apprécié par votre hôtesse). Ajoutez à cela des destins intéressants – Nao donc, mais aussi Tikaani, le jeune pilote dont la vie est une véritable tragédie – et vous tenez un roman abouti. Toutefois, un point noir (à mes yeux) : l’omniprésence de la sexualité et la sexualisation constante des personnages – féminins, évidemment. Était-ce indispensable ? Qu’il y ait quelques scènes sensuelles passe encore, après tout la solitude parfois incroyable des personnages le justifie. Cependant, à ce point… Cela m’a véritablement gâché la lecture par moment.
En conclusion… Un roman post-apocalyptique qui propose un contenu intéressant et par certains aspects, inédit. C’est à découvrir, malgré le défaut souligné en fin de chronique.
↪ Les dream-dream d’une bouquineuse a eu un quasi-coup de cœur ; quant à Un bouquin sinon rien, il souligne avec justesse l’utilité de cette lecture.
Les Mots de Mahault 
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