

Genre : Thriller YA 🇺🇸
144 pages
« 3 ados dans un braquage qui tourne mal. Qui en ressortira vivant ?
Quand deux braqueurs attaquent une banque d’une petite ville tranquille des États-Unis, ils ne se doutent pas que parmi leurs otages se trouve plus coriace qu’eux…
Nora était venue déposer de l’argent avec son ex-petit ami et sa nouvelle petite copine. Or Nora est la fille d’une escroc de haut vol. Elle a fui à 12 ans cette mère manipulatrice et son amant malfrat, et se cache depuis 5 ans sous une fausse identité. Elle va déployer tous ses talents et se replonger malgré elle dans son passé pour sauver sa vie et celle de ses amis. »

Lors de ma participation au Prix ELLE des lectrices 2020, j’avais eu un véritable coup de cœur pour le roman policier qui allait alors arriver en tête de sa catégorie : Mon territoire de Tess Sharpe. Une histoire âpre, portée par un personnage féminin que je n’oublierais pas de sitôt. Ayant très envie de découvrir un autre de ses textes, j’ai jeté mon dévolu sur cette nouveauté 2021 plutôt catégorisée jeunes adultes : Ne vous fiez pas aux apparences, un roman à tiroirs qui joue avec les allers-retours entre présent et passé.
Nous y suivons l’existence compliquée de Nora, une jeune fille de dix-sept ans. Alors qu’elle se rend à la banque avec sa petite amie Iris et leur ami commun Wes, ils se retrouvent tous les trois – ainsi que quelques autres personnes présentes – au cœur d’un vol à main armée effectué par deux hommes semblant être à la recherche de la clé d’un coffre bien précis. Problème : le directeur de la banque n’est pas là et la clé du coffre en question est indécelable.
Ce que les deux hommes ne savent pas, c’est que Nora n’est pas née de la dernière pluie. Fille et acolyte malgré elle d’une arnaqueuse de haut-vol qui a détroussé plus d’un homme, elle vit désormais avec sa sœur sous une fausse identité pour la préserver d’éventuelles vendettas. Sa débrouillardise, son courage et sa capacité à manipuler les autres vont rapidement faire tourner en bourrique les deux preneurs d’otages, qui vont vite saisir qu’ils ont affaire à plus malin qu’eux.

« – Tu vas gérer ça comme une pro, j’ajoute. Tu vas t’en sortir, et je te promets que ta mère ne t’en voudra plus d’avoir oublié ton sac. (Je parviens presque à lui soutirer un sourire, mais il s’éteint quand je poursuis.) Rappelle-toi : n’essaie pas de leur échapper. Obéis-leur.
– Et je donne les messages à ta sœur.
J’acquiesce en pressant ses épaules.
– Rien que quelques minutes de marche, et tu seras saine et sauve.
– D’accord, dit-elle avant de déglutir.
Bon sang, c’est pas juste. Je me vois en elle. Je reconnais l’acier enveloppé de peur que toutes les petites filles rencontrent sur le chemin semé d’embûches qu’elles doivent emprunter pour devenir des femmes. Si seulement elle avait pu tomber dessus ailleurs qu’ici. »

Ne vous fiez pas aux apparences porte donc bien son titre. Comment celle que les braqueurs ne voient que comme une gamine va-t-elle parvenir à dévaster ainsi leur plan ? Nora, tout en nous narrant ce qu’il se passe présentement au sein de la banque, va également revenir sur son douloureux passé. Fille et complice d’une escroc, son enfance a été différente de celle de ses camarades : elle a été entraînée à jouer de multiples rôles, avec de multiples prénoms et semble d’ailleurs vivre une sorte de crise identitaire – qui est-elle vraiment ? C’est un personnage fichtrement intéressant qui a vécu des évènements résolument abominables et peine à accepter cette dualité qui vit en elle.
Malheureusement, et c’est là que le déplaisir pointe, Tess Sharpe ne parvient à mon sens pas à assurer une tension égale entre passé et présent. Si j’ai été véritablement captivée par les chapitres nous narrant le passé de Nora, ceux relatant le moment actuel et l’attaque de la banque m’ont quelque peu laissée indifférente. En cause, une construction répétitive et surtout, de bien trop nombreuses répétitions et monologues intérieurs de l’héroïne – notamment sur la « famille » qu’elle est parvenue à se créer. Une fois ça va, dix fois, on a compris ! Cela m’a valu d’aboutir la lecture en diagonale à certains moments, tant j’étais lasse et essentiellement frustrée.
Ne vous fiez pas aux apparences est en définitive à l’image de la dualité de son héroïne : il me confirme le grand talent de Tess Sharpe ainsi que sa capacité à écrire des héroïnes atypiques ; mais il me déçoit cependant énormément dans son rythme.


En conclusion… Une lecture en demi-teinte.
↪ Le quasi-coup de cœur de Troian.
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