

Genre : Policier 🇸🇪
512 pages
« Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête (à moins qu’une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l’œuvre), Erica se convainc très vite qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres –, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. »

La Princesse des glaces est sans doute l’une des plus vieilles reliques de ma PAL, puisque c’est ma mère qui me l’a prêté en poche il y a deeeeeees années afin de me faire entrevoir l’univers du policier/polar Nordique par le biais d’un titre certes morne dans ses thématiques, mais malgré tout divertissant dans son ton. À cette époque, je lisais en effet peu, voire pas du tout de fiction policière et lui avais donc réclamé quelque chose de plutôt « soft ».
L’héroïne, Erica Falck, est une jeune autrice de trente-cinq ans. Depuis la disparition tragique de ses parents dans un accident de voiture quelques semaines plus tôt, elle est retournée vivre dans la maison de ces derniers au sein du petit village côtier de Fjällbacka, elle qui jusque-là faisait sa vie à Stockholm. Un jour qu’elle se balade tranquillement dans les rues de la bourgade, un proche voisin la hèle et la supplie de le suivre. Ce dernier, choqué, l’emmène sur le lieu d’un horrible crime : la demeure d’Alexandra Wijkner et plus précisément la salle de bain, où cette dernière gît nue, sans vie et ensanglantée dans sa baignoire. Alexandra n’était pas n’importe qui pour Erica : elle fut autrefois sa plus proche amie d’enfance, mais tout autant sa plus amère amitié puisque Alexandra avait rompu brutalement le contact une vingtaine d’années auparavant, à l’adolescence, avant de soudainement disparaître.
De fil en aiguille, Erica va remonter la piste d’une femme qu’elle pensait connaître par cœur, mais qui s’avère adulte une totale inconnue.

« La maison était abandonnée et vide. Le froid pénétrait le moindre recoin. Une fine pellicule de glace s’était formée dans la baignoire. La peau de la femme avait commencé à prendre une légère teinte bleutée.
C’est vrai, elle ressemblait à une princesse, là dans la baignoire. Une princesse des glaces. »

Il est pertinent de comparer ce premier tome, comme je l’ai lu quelque part, à un épisode pilote de série. Nous y suivons une enquête certes intéressante, mais sommes surtout introduits à l’univers et à l’ambiance de Fjällbacka, village qui est presque un personnage à lui seul. Bourgade où tout le monde se connaît plus ou moins, Fjällbacka subit de plein fouet une gentrification dû à sa situation côtière. En effet, le village voit peu à peu ses belles masures de bords de plage devenir des résidences secondaires occupées seulement en été, ce qui rend le lieu particulièrement éteint l’hiver venu. Et si les traditions sont encore bien ancrées chez les plus anciens, les nouvelles générations peinent à entretenir la manière de vivre de leurs aînés ; par exemple, la pêche ne rapporte plus suffisamment pour faire vivre une famille. La majorité part donc vers les grandes villes alentours.
Vous vous en doutez, dans une localité comme celle-ci, les rumeurs et la réputation sont au centre de tout. C’est une occasion en or pour Camilla Läckberg d’étoffer la psychologie de ses personnages, au gré de changement de narrateurs, nous amenant ainsi à épouser différents points de vue. Le rythme global du récit est relativement lent, mais l’autrice distille avec malice quelques éléments de suspense qui nous emporte. Des éléments se devient ainsi aisément ; d’autres, bien moins.
Le personnage principal d’Erica m’a charmé. Cette jeune femme est à un tournant de sa vie, aussi bien personnelle que professionnelle. En effet, elle revient dans ce village qu’elle avait fini par haïr à la fin de son adolescence et se surprend à s’y sentir sereine et plus elle-même que jamais. Sa carrière d’autrice peine, mais elle retrouve peu à peu le dynamisme et l’inspiration qui lui ont longtemps manqué. Et il y a même de la romance dans l’air… Quant à son rôle dans l’enquête, je l’ai trouvé raisonnable et crédible ; elle est ce personnage un peu curieux/fouineur qui parvient grâce à sa bonne connaissance des gens alentours à mettre le doigt sur des détails importants et capitaux. Somme toute, elle est presque dans une position de passivité vis-à-vis de cette investigation et c’est l’aspect de ce roman qui m’a fait accrocher les pages défilants – d’autant que l’on suit en parallèle l’avancement de la police en charge de l’affaire.
Si les non-dits de la littérature du terroir, la frivolité de la chick-lit, les denses chutes de neige et les intrigues tortueuses des polars nordiques vous semblent former un mélange alléchant, ce premier tome a toutes les chances de vous plaire.


En conclusion… Un premier opus qui pose savamment le décor d’une série noire qui ne réinvente certes rien, mais sait néanmoins se dévoiler attachante.
↪ Un avis très mitigé chez Ma petite bibliothèque qui reproche maintes facilités au roman. Une chronique positive chez Nelfe qui souligne la belle introspection des personnages.
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