

Genre : Fantastique 🇫🇷
256 pages
Lu dans le cadre du P.I.B. (Prix Imaginales des Bibliothécaires) → plus de détails en cliquant sur ce lien !
« En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. A l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire.
Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres… »

Deuxième livre lu dans le cadre du Prix Imaginales des Bibliothécaires après La Machine … Et première déconvenue. Je l’avais dit dans mon article introductif au prix : Estelle Faye est une autrice à laquelle je n’accroche pas en règle générale. Je reconnais volontiers la qualité de sa plume – c’est ici encore le cas – et compte tenter une de ses œuvres une dernière fois en lisant le premier tome de la trilogie La voie des Oracles.
Le titre est évocateur pour peu que l’on connaisse le mythe : Widjigo m’a en effet immédiatement fait penser à Wendigo, une légende qui trouve ses racines dans les mythes Algonquins, nation parmi les premières du Canada actuel. Il s’agit d’une sorte de malédiction qui touche un Homme ayant succombé – en général – au cannibalisme ; il se transforme alors en une créature maudite, osseuse & assoiffée de sang – ce fameux wendigo.

« Nous racontons tous des histoires, nous les voyageurs. Nous racontons notre propre histoire sans même avoir besoin de mots, de paroles. Car le voyage nous change, nous transforme. Au fil du temps nous transportons partout avec nous les horizons que nous avons poursuivis. Dans les crevasses de nos bottes, dans les rides de notre visage, dans l’usure de nos manteaux de pluie et les cicatrices sur notre peau. Et nous en jouons, il faut être honnête. »

S’il ne s’était pas s’agit d’une lecture à faire dans le cadre du Prix imaginales des Bibliothécaires, je pense sincèrement que j’aurais abandonné Widjigo à un tiers environ. En soi, l’histoire est classique, mais intéressante : en 1793, un vieil homme entouré de mystères revient sur un épisode charnière de sa vie avant de se rendre à ses poursuivants, direction la guillotine. Estelle Faye tricote bien son histoire ; les allers et retours entre le passé et le présent sont peu nombreux, mais efficaces et utiles – nous sommes nombreux à être friands de cette petite astuce narrative d’ailleurs, n’est-ce pas ? Les deux personnages qui se font face forment un duo efficace : Jean Verdier est jeune, un peu impressionnable et paradoxalement pétri d’idéaux et plein de désillusion. Quant à Justinien de Salers, c’est un homme las, fatigué par une vie qu’il a finalement menée dans une grande solitude. Le contexte historique, peut-être l’élément le plus attrayant de ce roman, aura plus de résonance chez des connaisseurs ; je dis cela, car pour en avoir discuté autour de moi, de nombreux éléments m’ont pour ainsi dire de ce point de vue-là échappé.
Contrairement à La Machine où cela n’arrive jamais – ou du moins pas comme on l’entend, ici l’incursion de l’imaginaire est bien présente. Le fantastique est au départ plus que ténu, même si l’autrice joue habilement avec ses différents décors et nos peurs ancestrales. Une forêt qui bruisse, un océan menaçant, la faim qui rend fou … L’ambiance est là, pesante. Pourtant, et malgré toute ma bonne volonté, je ne suis pas entrée dedans. À mon sens, et c’est tout à fait personnel, le roman manque cruellement de suspense. Les dés sont jetés dès le départ ! Ce n’est d’ailleurs pas anormal, car je pense que le propos de l’autrice est ailleurs – ces faits historiques dont je parlais au-dessus – mais c’est un élément qui aurait en tout cas pu me faire vivre le livre différemment. Si vous vous attendez à une fiction fantastique à la tension narrative très forte, Widjigo ne vous satisfera pas !
Je reviendrais davantage là-dessus dans un bilan sur le Prix, mais une collègue participant à l’opération ne l’a pas apprécié pour des raisons identiques aux miennes ; les autres en revanche l’ont beaucoup aimé … mais il ne connaissait pas du tout le mythe du Wendigo auparavant ! Ceci explique peut-être cela.


En conclusion … Un roman fantastique au sujet prometteur, qui m’a malheureusement laissé à quai au lieu de m’embarquer. Je trouve que contextuellement, il ne s’adresse pas à toutes et tous et nécessite d’avoir quelques éléments/connaissances pour en saisir toutes les subtilités. Dommage !
↪ Le retour bref mais juste de Caroligraphie et l’avis très positif d’Encres et calames, qui fait partie de ces lecteurs à même de mieux comprendre le sous-texte de ce roman.
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