Terre de sang et de sueur (La machine #1), Katia Lanero Zamora

Genre : « Allégorie politique » (d’après l’autrice, pour ma part je choisis de le ranger dans mes menus Historique et Dystopie parce que je ne sais clairement pas où le classer 😶) 🇧🇪

360 pages

Note : 4 sur 4.

Lu dans le cadre du P.I.B. (Prix Imaginales des Bibliothécaires) plus de détails en cliquant sur ce lien !

« Nés dans le confort de la famille noble des Cabayol, Vian et Andrès sont deux frères inséparables. Mais dans un pays où la révolution gronde et où les anciens royalistes fourbissent leurs armes pour renverser la toute jeune République, ils vont devoir choisir leur camp… Grande fresque familiale où les batailles politiques rejoignent les bouillonnements personnels, La Machine est une œuvre forte, absolue et puissante. »

Comme je m’y prends tard cette année pour enfin commencer à lire la sélection du Prix Imaginales des Bibliothécaires. Paradoxalement, rarement une sélection ne m’aura autant enchantée et cette toute première lecture tend à me confirmer que découvrir les nommés sera un authentique plaisir. Taxonomiquement parlant, nous sommes avec La machine face à un cas d’école : ce roman, qui est une sorte d’allégorie de la Guerre civile d’Espagne (période que je ne connais très franchement que dans ses grandes lignes) peut-il de fait être classé dans les littératures de l’imaginaire parce que se déroulant dans une contrée fictive ? Vous avez trois heures. De mon côté et après lecture, je vous avoue être dans l’impossibilité totale de juger, oscillant entre le plaisir de l’avoir découvert et l’incertitude qu’il ait véritablement sa place dans la sélection.

Ce premier tome de ce qui sera une duologie va s’attacher à nous raconter la petite histoire dans la grande, en s’intéressant au destin de deux frères : Vian et Andrès Cabayol, fils de riches propriétaires terrien et petits-fils d’un paysan anobli. Citoyens du pays fictif de Panîm, fortement donc inspiré de l’Espagne, ces deux-là sont radicalement différents. L’aîné Andrès est un anti-conformiste proche des idées de la Machine, un mouvement de travailleurs qui lutte pour une redistribution plus juste des richesses dans un pays qui meurt – élites mises à part – de faim. Le cadet Vian, un brin écrasé par ce frère à la personnalité turbulente, tend à davantage se conformer à ce que sa famille attend de lui : servir son rang et son pays ; il s’est en conséquence engagé dans les armées. Nous allons ainsi tout au long de ces trois cent soixante pages contempler le Destin se mettre en branle, alors que la situation politique du pays se radicalise. En effet, une toute jeune République a renversé la Royauté il y a peu, mais pour le peuple, cela n’a pas changé grand-chose. La révolte gronde, les plus nostalgiques de la Royauté tout autant et un parfum de changement nauséabond flotte dans l’air.

« Une utopie, c’est fragile. Plus on s’en approche, plus il faut être prudent. »

Il y a une autre œuvre qui m’est souvent réapparue en tête lors de ma lecture, faite presque d’une traite d’ailleurs : Les Thibault de Roger Martin du Gard. On retrouve en effet dans La machine des « ingrédients » que j’apprécie particulièrement dans ce genre de littérature – et je sais que je ne suis pas un cas isolé : la fresque familiale, les bouleversements historiques, le déchirement de devoir choisir un camp et accepter que rien ne sera plus comme avant. Katia Lanero Zamora parvient avec ce premier tome à nous offrir une fiction à la fois politique et romanesque, qui nous attrape progressivement dans sa coupe pour ne plus nous lâcher. La tension monte crescendo de chapitres en chapitres et si la lectrice que je suis s’est surprise à espérer un dénouement heureux, elle savait tout au fond d’elle qu’il n’en serait rien. C’est ce qui est à la fois terrible et follement abouti dans ce titre qui, vous l’aurez compris, m’a beaucoup plu.

La réussite des protagonistes y est pour beaucoup : Andrès et Vian s’incarnent sans problème dans notre imagination, tout comme ces personnages secondaires particulièrement vivants. L’autrice fait le choix d’une construction intéressante, entremêlant les époques entre présent et souvenirs – nous prouvant ainsi que certains choix de vies sont écrits plus tôt qu’on ne le croit.

Il me tarde en tout cas de lire la suite et fin de cette histoire qui m’aura – pardon pour la laideur de cette expression – prise aux tripes l’espace d’un après-midi.

En conclusion… Un excellent titre oscillant parfaitement entre romanesque et politique.

↪ L’avis positif et complet d’OmbreBones, celui plus mesuré de Sometimes a book.




9 réponses à « Terre de sang et de sueur (La machine #1), Katia Lanero Zamora »

  1. […] livre lu dans le cadre du Prix Imaginales des Bibliothécaires après La Machine … Et première déconvenue. Je l’avais dit dans mon article introductif au prix : Estelle […]

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  2. […] Carrère dans le bouleversant D’autres vies que la mienne. Mentionnons aussi le premier tome de la duologie La machine de Katia Lanero Zamora qui remet au goût du jour les récits familiaux entremêlant politique et […]

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  3. […] avis : l’ours inculte – Yuyine – Les mots de Mahault – Sometimes a Book – vous […]

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  4. Superbe chronique pour un roman qui mérite d’avoir un large succès ! Merci pour le lien 🙂

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    1. Je t’en prie ☺️
      Oui il le mérite, mais j’ai l’impression de l’avoir malheureusement assez peu vu passer sur la toile.

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      1. Oui c’est probablement parce qu’il est à cheval sur l’imaginaire et sur la littérature blanche…

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        1. Dans les quelques chroniques que j’ai pu lire, c’est une « critique » qui revient souvent – les amateurs d’imaginaire attendent un élément fantastique (magie, etc.) qui n’arrive pas.

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          1. C’est ça. Il y avait eu la même chose avec Je suis fille de rage de Jean Laurent Del Socorro (qui avait pourtant un élément fantastique plus évident avec la personnification de la Mort qui parle à Lincoln) les gens attendaient une plus grosse intervention du volet fantastique et ça a causé une déception injuste vis à vis du roman. Je ne suis pas sûre que, dans ces deux cas, ActuSF ait été le meilleur choix éditorial pour eux mais bon… Il faut aussi accepter que, dans les genres de l’imaginaire, il y a forcément une gradation dans l’implication du surnaturel.

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            1. Oui, exactement. Je suis fille de rage avait d’ailleurs été sélectionné au Prix Imaginales des Bibliothécaires et les mêmes interrogations avaient rapidement fait jour.

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