

Genre : Historique 🇺🇸
448 pages
« Londres, janvier 1901 : la reine Victoria vient de mourir. Comme la coutume l’impose, les familles se rendent au cimetière. Leurs tombes étant mitoyennes, les Waterhouse et les Coleman vont faire connaissance et leurs petites filles vont immédiatement se lier d’amitié. Pourtant, les familles n’ont pas grand-chose en commun. L’une incarne les valeurs traditionnelles de l’ère victorienne et l’autre aspire à plus de liberté. Dans le cimetière, véritable cœur du roman, Lavinia et Maude se retrouvent souvent et partagent leurs jeux et leurs secrets avec Simon, le fils du fossoyeur, au grand dam de leurs parents. Lavinia est élevée dans le respect des principes alors que Maude est livrée à elle-même : sa mère, Kitty Coleman, vit dans ses propres chimères. Ni la lecture, ni le jardinage, ni même une liaison ne suffisent à lui donner goût à la vie. Jusqu’au jour où elle découvre la cause des suffragettes. La vie des deux familles en sera bouleversée à jamais. »

Concernant Tracy Chevalier, j’avais eu il y a quelques années une excellente expérience de lecture avec Prodigieuses créatures, qui s’attachait à faire le portrait de deux paléontologues amatrices. Depuis, mon envie de lire d’autres de ses œuvres étaient vives, et voici enfin que je m’y attelle avec ce Récital des anges, dont l’action se passe au tout début du XXᵉ siècle, alors que la Reine Victoria vient de décéder et que l’Angleterre entre dans une longue période de deuil.
Le roman adopte une forme chorale particulière. Chaque chapitre correspond à une date (par exemple, juillet 1903), et des personnages, dont le nom est formellement retranscrit, vont s’attacher à raconter leurs expériences et points de vue sur des évènements similaires. Principalement, nous allons suivre deux jeunes filles plutôt bourgeoises ayant presque six ans au début du récit et quinze à sa fin : Maude et Lavinia. Là où la seconde est capricieuse et légère dans ses centres d’intérêts, la première se montre davantage intéressée par les sciences et moins conservatrice dans ses idées. Cela ne les empêche pas de devenir instantanément les meilleures amies qui soient et d’adopter une habitude fort peu commune : celle de passer de longues après-midi au cimetière de la ville avec Simon, fils de fossoyeur de leur âge, autour de leurs excentriques caveaux familiaux respectifs. Autour d’elles évoluent des adultes, dont leurs parents, aux prises avec les tourments de leurs vies.

« – La lecture… reprit grand-mère, plus guindée que jamais, ça ne mènera une fille nulle part. Ça servira juste à lui fourrer des idées dans le crâne. Et surtout des mauvaises, comme ces livres d’Alice.
Maman se redressa sur son siège. Elle lisait tout le temps.
– Et qu’y a-t-il de mal à ce qu’une fille ait des idées, mère ?
– Elle ne sera jamais satisfaite si elle a des idées, répondit grand-mère. Comme vous. Dieu sait que j’ai toujours dit à mon fils que vous ne seriez pas heureuse. Combien de fois lui ai-je répété : « Épouse-la si tu y tiens, mais elle ne sera jamais satisfaite ! » J’avais raison. Vous voulez toujours davantage, mais vos idées ne vous disent pas quoi. »

Le récital des anges a été une lecture particulière ; si je reconnais sans peine la qualité – qui n’est plus à prouver – de la plume de Tracy Chevalier, force est de constater que le récit a dans ses deux premiers tiers des difficultés à décoller. Je me suis en effet régulièrement demandée où l’autrice souhaitait en venir, tant aucune intrigue ne se détachait vraiment de l’ensemble. Alors bien sûr, comme assez fréquemment dans ses œuvres, il est question de la condition des femmes. Ici, cela regimbe au travers de la figure de Kitty, mère de Maude (une de nos petites héroïnes), qui ne trouve que bien peu de goût à cette vie bourgeoise dont elle se sent prisonnière. Ce sera finalement la cause des suffragettes (qui n’arrive qu’en milieu de récit) qui l’arrachera à sa torpeur. Toute cette partie est intéressante, bien qu’elle manque de la pédagogie à laquelle je m’attendais concernant ce mouvement ; de ce point de vue, il m’a semblé que Tracy Chevalier survolait ce qui aurait pu être un des piliers de cette histoire.
Reste à la fin une sorte de tranche de vie qui n’a rien de désagréable à suivre, bien qu’elle paraisse incomplète et parfois caricaturale. Le récit s’achevant me semble-t-il en 1910 (à la mort d’une figure royale, comme il avait commencé), on ne peut que penser que la guerre qui va suivre va très sûrement brutalement rabattre les cartes.


En conclusion… Ce n’est sûrement pas le meilleur roman de l’autrice, bien qu’il ne soit pas désagréable à suivre.
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