

Genre : Thriller 🇨🇦
330 pages
« Sadie, 19 ans, s’est volatilisée. Pour West McCray, journaliste à New York, il s’agit d’une banale disparition. Mais quand il découvre que sa petite soeur, Mattie, a été tuée un an auparavant et que sa mère a elle aussi disparu, sa curiosité est éveillée. West se lance alors à la recherche de Sadie et les témoignages qu’il recueille vont alimenter sa série de podcasts…
Sadie, elle, n’a jamais pensé que son histoire deviendrait le sujet d’une chronique à succès. Elle ne désire qu’une chose : trouver l’homme qui a tué sa soeur.
Qui est réellement cet homme ? Comment est-il entré dans la vie de Mattie ? Tandis que Sadie remonte la piste du tueur, West remonte celle de Sadie. Et se dessine, progressivement, la figure d’un homme – d’un monstre ! – qui pourrait bien frapper à nouveau…
West retrouvera-t-il Sadie à temps ? »

Il est assez rare qu’un livre me fasse envie avant tout pour sa couverture, mais celle-ci dégage immédiatement quelque chose de très puissant, avec ce vêtement rouge et ces cheveux qui anonymisent partiellement la jeune femme en illustration, comme si elle s’effaçait peu à peu. Une couverture qui établit parfaitement ce roman, Sadie, premier que je lis de l’autrice dont il me semble que les autres œuvres n’ont pas été traduites dans notre langue.
Sadie nous raconte l’histoire d’un personnage éponyme, jeune femme de dix-neuf ans qui a grandi dans une misère noire. Élevée par une mère accro aux drogues dures dans une petite caravane louée pour pas grand-chose, son seul intérêt pour la vie réside en sa petite sœur Mattie, qu’elle aime plus que de raison. Peu après que leur mère les ait abandonnées, sa sœur Mattie est portée disparue puis retrouvée non loin de là gisant dans un champ, morte. Que s’est-il passé ? Sadie, elle, a la réponse et va se lancer dans un périple meurtrier à travers les États-Unis pour retrouver le coupable – un ex-amant de leur mère, et le tuer.

« Elle s’était débarrassée de ses livres, de ses films, de ses vêtements… absolument tout.
Ça me rend malade de penser qu’elle a pu jeter sa vie aux ordures comme ça, parce que c’est ce qu’elle a fait. Tout ce qui la représentait, absolument tout, était dans la benne à ordures, et quand je m’en suis aperçue, j’ai pleuré, parce qu’elle… parce que ça n’avait plus aucune importance à ses yeux. »

Ce qui fait l’originalité de ce roman, c’est qu’il alterne tout du long entre deux sortes de chapitres. Les premiers suivent l’équipée de Sadie, entre galères et rencontres dangereuses, alors qu’elle glane au compte-goutte les informations nécessaires pour retrouver cet ancien beau-père qui s’était présenté à elles sous une fausse identité. Les seconds ont environ quatre ou cinq mois de décalage sur la trajectoire de la jeune femme et transcrivent les épisodes d’un podcast type true crime consacré à l’affaire. Au départ, ce choix narratif m’a décontenancé et – je l’avoue – m’a carrément fait peur. Ce sont pourtant les parties que j’ai préférées à terme dans ce roman, là où celles suivant Sadie souffraient parfois de longueurs inutiles et de répétitions un peu lassantes. L’idée est en tout cas originale et m’a – en tant qu’amatrice de ce genre de podcasts – semblé crédible et bien gérée.
Sadie est certes un roman jeunesse/jeunes adultes, il n’en reste pas moins qu’il aborde des thèmes vraiment difficiles avec beaucoup de délicatesse et de recul, en mettant en avant un personnage ni tout à fait enfant, ni tout à fait adulte, mais surtout totalement détruit par la vie. On y côtoie vraiment la misère, la violence d’une société qui a tant de laissés-pour-compte, les faux-semblants qui se cachent sous le vernis du parfait, la possibilité de disparaître facilement tant les horizons sont vastes. On peut donc considérer Sadie comme une bonne porte d’entrée vers des romans nord-américains plus adultes à mon sens.


En conclusion … Sadie est une bonne lecture, originale sur certains points et sombre de bout en bout.
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