

Genre : Contemporain 🇫🇷
224 pages
✅ Propos très fort ; Le dessin ♥️
🔴 Les personnages de Tamara et Nicole auraient pu être plus approfondis.
« Lucie dort un couteau à la main. La crainte l’habite, les hommes l’effraient. Tamara, elle, se bat, se débat : pour ne plus être victime, elle devient agresseur. Quant à Nicole, c’est l’isolement. Elle s’efface, disparaît pour ne plus être visée. Les trois ont été victimes de violences sexuelles. Pour remonter la pente, trois femmes prennent les armes. Attaquer, défendre, toucher, se faire toucher… Elles vont se reconstruire et reprendre une vie sociale grâce à un programme d’escrime thérapeutique. Un programme d’un an pour se sauver et reprendre la maîtrise de sa vie. »

Je continue – au gré des réservations que je peux obtenir à la bibliothèque – à lire des romans, BD, albums, etc. pour le prix Livraddict (auquel chacun peut participer comme il l’entend, je vous le rappelle – suivez ce lien !). Après Le château des animaux et Tant pis pour l’amour, plongeons donc dans ce Touchées à la découverte de cette histoire et plus largement de Quentin Zuttion, que je n’avais encore jamais lu.
Touchées va nous conter l’histoire de trois femmes victimes de violences qui vont se rencontrer au gré d’un cours d’escrime thérapeutique. L’idée est la suivante : la tenue en escrime anonymise son porteur. Chacune va donc pouvoir combattre l’autre en mettant sur l’adversaire le « visage » de celles et ceux qui dans leurs vies respectives, les ont oppressées, violentées. L’entourage qui fait la sourde oreille, l’agresseur, l’enfant sur lequel on reporte sa colère, elles-mêmes aussi bien souvent … Le cours sera assuré par un professeur d’escrime ainsi qu’une psychologue pour les aider à parler, à mettre en mots leurs souffrances.
Il y aura d’abord Lucie, la mère d’un jeune garçon dont le père la frappait. Puis Nicole, qui se mure depuis des années dans la solitude. Percluse de douleurs au dos notamment, cela fait des années qu’elle ne peut plus exercer son métier de cuisinière. Enfin, Tamara, la plus jeune, a été victime de violences sexuelles au sein de la cellule familiale. Elle brûle depuis la vie par les deux bouts.



Je n’en dis pas plus concernant nos trois protagonistes, car tout l’intérêt de la BD est de suivre leurs parcours respectifs sur la voie non pas de la guérison (est-ce même possible ?) mais d’une sorte de mieux-être.
Vous le devinez donc, le propos est fort et plus que nécessaire. J’ai encore peu lu de fictions sur le sujet, et celle-ci me semble s’en sortir à merveille. Le schéma répétitif qui suit chacune de nos trois femmes (moment de vie « typique » de chacune/confession de l’histoire personnelle/moment de révélation) est efficace et donne lieu (cf. l’illustration ci-dessus) à des planches sans texte en double page absolument saisissantes. Personnellement (et aussi par la sensibilité du sujet en tant que femme), ces pages-là m’ont littéralement prises aux tripes ! Elles sont parmi les plus belles, les plus significatives que j’ai pu voir en BD ces derniers temps. Après, j’ai eu peur de ne pas accrocher au trait au départ (j’aime les dessins assez précis et détaillés, donc plutôt classiques en BD), j’ai même un peu ronchonné pour tout dire en attaquant … Et non. C’est même me semble-t-il ce que j’ai préféré ici, donc ne vous laissez pas effrayer par ça si vos goûts sont de base plus classique.
Un petit regret tout de même (qui lui coûte le coup de cœur), c’est que certaines pistes hyper intéressantes ne sont pas assez approfondis à mon goût. Il y a d’abord le personnage de Nicole, que j’ai eu la sensation de survoler … Mais elle est si effacée de nature que je me dis qu’il s’agissait peut-être d’une volonté de l’auteur. Puis il y a Tamara, qui m’a personnellement beaucoup émue dans sa souffrance et dans sa rage. La relation qu’elle entretient avec son petit-ami est complexe et à mon sens, il y avait vraiment quelque chose à creuser davantage les concernant.

En conclusion … Une très belle découverte. Pour l’instant, il s’agit clairement de mon vote dans la catégorie BD !

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