Genre : Science-Fantasy
416 pages
« Suite à la guerre d’Ophélia VIII, la soeur de bataille Évangéline de l’Ordre de Notre-Dame des Martyrs entreprend une croisade dans les ténèbres par-delà la Grande Faille, en quête de vengeance et de révélations, mais le simple fait de survivre au voyage ne sera jamais que la première mise à l’épreuve de sa foi. »
Les + : Des personnages ambivalents, une psychologie plus travaillée, le thème du doute dans la foi.
Les – : Des combats répétitifs qui traînent en longueur, des dialogues un peu mécaniques.
D’emblée, il me faut préciser que je ne suis pas une totale experte de l’univers Warhammer. Il y a des éléments que je risque de mal contextualiser. J’ai bien fait partie d’un club jeu de rôle au collège et au lycée, avec des amis et ne crache pas contre une petite partie de temps en temps (car se réunir demande chaque fois une organisation monumentale). Néanmoins, ces dernières années, mon contact avec cet univers s’est plutôt maintenu grâce à la lecture.
Nous possédons de vrais trésors familiaux achetés dans les années 2000, des livres qu’on a tant lu et relu qu’ils tombent en ruines. Des (anti, bien souvent) héros qu’on a adoré suivre dans leurs aventures mais … toujours des hommes. Alors, en voyant passer sur NetGalley ce nouveau titre 100% féminin : ô joie ! J’ai cliqué tout de suite.
L’histoire commence sur les chapeaux de roues, auprès de deux personnages féminins donc que nous suivrons en alternance tout au long de l’histoire.
Il y a d’abord Sœur Evangeline, membre de l’Adepta Sororitas – la ramification féminine de l’Ecclésiarchie (= l’ordre religieux) – et appartenant plus particulièrement à l’ordre de Notre Dame des Martyrs, soit une branche de combattantes armées ultra-efficaces. Son couvent, situé sur la planète Ophelia VII, subit une attaque sans précédent qui se soldera par de nombreuses morts, parmi lesquelles celle de sa chef Adelynn.
Evangeline se réveille sur un vaisseau de l’Adepta Sororitas, soignée, mais profondément marquée, que ce soit psychologiquement ou physiquement, puisqu’elle arbore désormais une marque sur le visage, marque s’apparentant à un aigle. Tout le monde ou presque en est certain, sauf elle-même : l’Empereur-Dieu l’a marquée & choisie pour combattre un mal précis. La voici propulsée à la tête de son ordre, suivie par tout l’équipage – y-compris militaire – du vaisseau, décidé à l’emmener au bout de sa quête quel qu’en soit le prix. La direction ? La planète de Dimmamar.
Puis, en alternance nous vient le point de vue d’Ahri Ravarra, une inquisitrice : elle a pour mission d’enquêter et d’éradiquer si nécessaire tout ce qui pourrait menacer l’Imperium. Depuis sa prime enfance, elle fait des rêves bien souvent prémonitoires. Et cet aigle qui hante ses songes la trouble. En suivant l’interprétation qui en découle, elle va croiser le chemin d’Evangeline et tenter de l’accompagner à sa manière.
C’est tout de même un petit peu décontenançant de se replonger dans un univers si vaste que celui-ci. Rachel Harrison prend le parti de faire commencer son histoire très fort, avec des combats et une violence qui nous donne le ton : oui, ce roman suit des femmes, mais les sœurs de batailles n’ont rien à envier aux autres. Elles se battent pour les mêmes idéaux, sont tout aussi redoutables et déterminées. En somme – et c’est loin d’être étonnant – elles font d’aussi bons personnages de fiction que leurs acolytes Space Marines et consorts. Elle mêle habilement les aspects les plus traditionnels de l’univers tout en incorporant quelques nouveautés/éléments rarement vus : une histoire d’amour compliquée et tragique, des doutes, mais surtout, une psychologisation accrue des personnages.
Car Ravarra et Evangeline, tout comme les personnages plus secondaires, brillent par une personnalité fouillée, tortueuse à souhait et finalement attachante. L’inquisitrice est une femme qui poursuit un but défini ; habituée à travailler seule, elle ne s’encombre guère d’une quelconque morale tant qu’elle estime cela nécessaire. C’est un personnage sombre, retors dont on pourrait a priori croire qu’elle a perdu de vue ce pour quoi elle se bat tant elle sème de morts sur son passage, ce qui est pourtant loin d’être le cas. Obnubilée par ses secrets et les douleurs d’une vie trop solitaire, elle est l’anti-thèse d’Evangeline.
Evangeline a perdu nombre de ses sœurs. Elle qui avait trouvé un sens à sa vie dans le collectif qu’elles formaient, dans son anonymat, se retrouve désormais distinguée : sa marque tout d’abord puis son accession à un stade supérieur de la hiérarchie font naître en elle un doute profond, qui questionne directement sa légitimité en tant que leader, mais aussi en tant qu’élue pour laquelle, à chaque étape du voyage vers Dimmamar, des dizaines de combattants tombent.
Rachel Harrison s’en sort donc avec les honneurs, puisqu’elle parvient à la fois à donner un souffle de nouveauté à la franchise, tout en se reposant tout de même bien sur les fondamentaux solides que W40K possède déjà. Son style plus psychologisant s’en sort tout aussi bien dans les scènes d’affrontements qui affichent un dynamisme plaisant et efficace, malgré quelques répétitions et facilités peu gênantes (je crois n’avoir jamais autant lu le mot “tendon”).
En conclusion … À la fois rupture et continuité au sein de l’univers W40K, Marque de foi offre un divertissement de qualité, où la psychologie fouillée de personnages incarnés achève de conquérir le lecteur, spécialiste comme novice dans l’univers – car oui, ce one-shot est une bonne porte d’entrée !
Merci à NetGalleyFrance & à Black Library France pour ce partenariat.
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