La justice de Kushiel (Imriel #2), Jacqueline Carey

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Genre : Fantasy

918 pages

« Héritier d’une lignée mortellement dangereuse, le prince Imriel est troisième dans l’ordre de succession au trône de Terre d’Ange. Pion majeur sur l’échiquier politique, il n’a guère le choix de son destin. Lorsqu’il sacrifie l’amour au devoir, les dieux eux-mêmes ne peuvent rien pour le protéger des conséquences de ses actes. En Alba, de sombres puissances œuvrent pour utiliser ses propres passions contre lui.
L’aventure l’entraînera encore plus loin qu’il ne l’avait rêvé, jusqu’à un pays déchiré par la guerre où, d’une foi ancienne, une nouvelle est en train d’éclore.
Lorsque tout sera fini, la justice divine de Kushiel se fera sentir sur la Terre comme au ciel … » 


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Les + : Tout.

Les – : /

Avis précédent :

Imriel tome 1 : L’héritier de Kushiel


Une constatation : comme le monde de Jacqueline Carey m’avait manqué ! Comme d’habitude avec cette autrice, la lecture se sera étirée sur une longue période, pour une immersion totale.

L’histoire reprend deux jours après la fin du premier tome. Imriel, fils biologique de la plus grande traîtresse que son pays (Terre d’Ange) ait connu, et fils adoptif des deux plus grands héros que son pays ait connu (Phèdre & Joscelin de la trilogie mère Kushiel (♥♥♥)), se remet tout juste de ses aventures. Lui qui voulait s’éloigner des fastes de la Cour pour étudier la philosophie et la rhétorique s’est retrouvé mêlé à une révolte étudiante violente, puis à un siège épuisant. Ainsi, ce voyage qui était censé l’apaiser ne fait que confirmer ses tourments ; d’autant plus qu’il développe des sentiments de plus en plus forts pour la Dauphine du royaume, Sidonie.

Cependant, Imriel, en tant que troisième dans l’ordre de succession du trône, est déjà promis à un mariage arrangé et inévitable avec Dorelei Mab Bredaia, la nièce du Cruarch d’Alba. Il s’agit donc d’unir un peu plus deux pays, Terre d’Ange (plus ou moins la France) et Alba (l’équivalent du Royaume-Uni territorialement) mais aussi de l’éloigner de la Cour. Nous voici donc partis pour l’Alba

« – Messire, qu’est-ce que le Maghuin Dhonn peut bien craindre de Terre d’Ange ? Sa majesté Ysandre ne leur a certainement pas donné à croire que nous pourrions vouloir autre chose que préserver notre alliance par les liens d’un mariage. Terre d’Ange ne compte même pas une garnison en Alba.

– La conquête peut prendre bien des formes, répondit Drustan d’un ton tranquille. Je n’aime pas ceux du Maghuin Dhonn, mais je les comprends. C’est ma responsabilité de les comprendre. Les Tibériens sont venus armés de leurs glaives et leurs boucliers et nous les avons repoussés. Terre d’Ange vient avec ses marchands et ses architectes, ses maisons de plaisir, ses jeunes mariés et … (d’un signe de tête, il désigna sa table) … ses livres. Dis-moi Imriel. D’après toi, lesquels sont les plus dangereux ?

A cette question, je n’avais pas de réponse. »

Terre de traditions (plutôt celtes), Alba a longtemps été coupée du monde. Et forcément, certains voient d’un mauvais œil ce mélange de deux sangs et de deux nations. Alors, lorsque les magiciens d’une tribu en voie de disparition s’en mêlent, Imriel devra voyager loin, très loin, et aller au bout de lui-même pour rendre la justice implacable de Kushiel (apôtre de la punition), dont il est un des descendants directs.

Je l’ai dit et re-dit, l’univers inventé par Jacqueline Carey est une pure merveille, et ce deuxième tome ne déroge pas à la règle ! Nous suivons Imriel sur deux années charnières de sa vie, où son caractère très égocentré et torturé va s’apaiser progressivement. Lui qui a tant souffert dans son enfance, et qui essaie tant de rattraper les fautes de sa mère et d’égaler les figures légendaires que sont ses parents adoptifs va gagner une maturité qui lui avait jusque là fait grandement défaut. Apprendre à devenir lui-même. D’amour impossible en amitiés inattendues – et même s’il ne sera jamais un personnage aussi fort que Phèdre – Imriel se révèle un jeune homme complexe, abrupt, parfois lassant mais jamais vain.

Nous apprenons aussi à mieux connaître certains personnages clés de l’histoire. Je pense particulièrement au Cruarch d’Alba, Drustan, époux de la reine Ysandre de Terre d’Ange. Cette dernière est si présente dans la vie d’Imriel (et de Phèdre auparavant) que son mari m’en semblait en retrait. Et pourtant, nous découvrons avec plaisir un homme sage, calme et pragmatique, qu’il aurait été plaisant de voir plus régulier dans la saga.

Ce que Jacqueline Carey qualifie de « romans historiques contant une Histoire n’ayant jamais eu lieu » selon ses propres termes est un mélange habile d’aventures, de romantisme, de réécriture des religions et de l’Histoire, avec une pointe de merveilleux. Ainsi, outre la Terre d’Ange d’origine du héros (une France édoniste, fantasmée, frivole, belle et érudite) et Alba, nous découvrons avec plaisir Les pays Plats (aka un hybride Belgique/Allemagne composé de gens simples au sens le plus noble du terme et travailleurs, très protestants en fait dans leur dénuement) mais surtout Vralia, une Russie sauvage, austère, qui se cherche politiquement et lutte contre le peuple Tatares, jugé illégitime, tout en accueillant un flot de réfugiés Yeshuites (se rapprochant fort du judaïsme) certains de trouver la Terre promise qu’ils ont tant cherchée. Nous trouvons aussi dans ce tome, même si elle a toujours été en arrière-plan, une fantasy plus prégnante, plus traditionnelle puisque très inspirée par les légendes celtes et moins tournée vers la Foi.

Cependant, cette série est connue avant tout pour son érotisme. La sexualité étant chez les d’Angelins une pratique en lien direct avec la religion (tout cela est très bien expliqué dans la trilogie mère Kushiel, il me serait trop compliqué de synthétiser cela. Je vous en recommande ENCORE UNE FOIS chaudement la lecture !), il serait idiot de ne cantonner la série qu’à ce fait. Et l’érotisme, point de départ d’une intrigue osée, est parfaitement exploité dans ce second tome.  Je vois toujours cette saga classée avec un peu de dédain dans des catégories comme « Fantasy érotique » ou « Fantasy romantique » : elle a tellement plus à offrir ! Des personnages forts, et une plume … Cette manière de conter qu’a l’autrice donne au roman un souffle épique fou (mille acclamations à la traduction au passage).

Bref, tout cela ne donne qu’une hâte : se plonger dans le tome 3 !



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